Le processus

“Indubitablement, chaque créateur de formes revendique à juste titre le pouvoir d’habiter intimement les formes qu’ils créent.”
Gaston Bachelard

Il y a quelque temps, j’ai choisi de pratiquer la gravure inspirée de l’observation directe du monde. Petit à petit, j’ai expérimenté les possibilités offertes par cette pratique en créant ma propre dynamique, cherchant à aligner les intérêts poétiques, esthétiques et artisanaux dans la production de chaque image gravée.

Le dessin est avant tout le mouvement même, le parcours de la matière, une trace absorbée par le temps, les émotions, les attentes, les réactions et les rapprochements.
Dans la gravure, il s’agit d’un trajet sculpté, creusé, érodé. C’est la matière retirée qui abrite le pigment fluide, un dessin négatif réalisé par coupe ou point. Il intègre la force expressive à la matérialité, formant ainsi le circuit que j’appelle le dessin de la volonté.
Le parcours peut également être compris comme un flux créatif, un réseau complexe né de l’idée manifestée, dévoilant de nombreux chemins possibles dans un seul trait de pinceau.

L’invention artistique se produit en permanence

C’est un état de réception et d’élaboration continue. L’interprétation de ces facteurs est libre tant sur le plan de la forme que du contenu, et les détails sensibles sont alors considérés comme inséparables des contenus internes cachés du spectateur. L’œil humain voit (l’information sensible) tout en comprenant (l’intellect) et en ressentant (l’intuition).


Dans ce sens, être présent et disposé à observer l’environnement de plus près et les gens autour de moi a apporté à ma pratique une importance concernant le chemin de mon propre corps, me permettant de comprendre l’espace habité et vécu. Cela m’a encouragé à rechercher une représentation moins descriptive et plus sans prétention, telle un œil errant qui classe le monde selon ce qu’il ressent et désire.

Gravure sur metal


La gravure sur métal consiste à graver une plaque de métal à l’aide d’outils ou d’acides. Les différentes techniques de gravure comprennent la pointe sèche, la manière noire et le burin (gravure directe, action physique), ainsi que l’aquatinte, la technique du sucre, le vernis mou, l’eau-forte et le lavis (gravure indirecte, action chimique). Chacune de ces méthodes utilise des outils spécifiques pour créer une variété de reliefs, de lignes, de points, de textures et nuances, ce qui permet d’obtenir un large éventail d’effets visuels.


Plus spécifiquement dans l’aquatinte, une résine en poudre (colophane) est appliquée sur toute la surface de la plaque à l’aide d’une boîte à aquatinte. Ensuite, la résine est fondue avec un chalumeau, formant ainsi une réticule solide. Enfin, le processus de gravure commence par l’application d’un vernis protecteur, suivi de bains successifs de la plaque dans le mordant, ce qui produira des taches tonales.

La technique


La procédure est directement liée aux facteurs objectifs du matériau, des méthodes et des processus d’exécution, ainsi qu’aux informations obtenues par la manipulation expérimentale. Un léger changement dans le domaine technique peut provoquer des révolutions dans la pensée créative et poétique.

Ce qui m’intéresse dans ce contexte, c’est l’exploration des corrélations entre matériau et expression, procédure et intention, poétique et exécution, sans hiérarchie ni préférence, en recherchant de plus en plus la complémentarité des phénomènes artisanaux expressifs.

La perception

La perception n’est pas statique comme le monde dans lequel elle opère. Elle conduit à une révélation des possibilités esthétiques plutôt qu’à des certitudes sur la représentation formelle.


J’aborde cette idée selon laquelle l’art imite la nature dans la mesure où il s’agit d’un phénomène créatif, qui diffère de la position “passive” d’un individu face à des systèmes visuels naturels préalablement déterminés, destinés à favoriser certaines méthodes de représentation et à en négliger tant d’autres.