L’atelier
Il y a quelque temps, j’ai choisi d’expérimenter la gravure sur métal, inspirée par l’observation directe du monde. Progressivement, en explorant les possibilités contenues dans ce chemin, j’ai créé une dynamique propre en cherchant à aligner des intérêts poétiques, esthétiques et artisanaux dans la production de chaque image gravée. Cette pratique assez fréquente m’a permis d’approfondir des aspects liés à la perception, au temps, au dessin, au mouvement, à la texture, à la lumière et à la matière.
Je conçois le dessin comme étant principalement le mouvement lui-même, le cours de la matière, l’enregistrement du temps, la synthèse des attentes, des réactions et des approches. En taille-douce, je le considère comme un chemin sculpté, creusé, érodé. C’est la matière enlevée qui abrite le pigment fluide, un dessin négatif réalisé par des coupes ou du pointillisme. Il intègre la force expressive à la matérialité, formant ainsi le circuit que j’appelle le dessin de la volonté.
Ce chemin peut également être compris comme un flux continu qui renvoie au phénomène de la création et de la conception d’une certaine image. C’est un réseau complexe manifesté dans l’acte inventif, dévoilant de nombreux chemins possibles en un seul coup de pinceau.
L’invention artistique se produit en permanence, c’est un état de réception et d’élaboration continue. En rentrant chez moi depuis l’atelier, les diverses perceptions de l’environnement contribuent constamment à la formation de ma sensibilité artistique. La sélection de l’objet observé est alignée sur son potentiel esthétique et poétique, ayant les chemins de la lumière et sa réaction à chaque surface qu’elle touche comme sujet principal.
L’interprétation de tels facteurs est libre tant dans la forme que dans le contenu, et les détails sensibles sont alors considérés comme indissociables des contenus internes cachés du spectateur. L’œil humain voit (l’information sensible) tout en comprenant (l’intellect) et ressentant (l’intuition).
Cette perspective consiste simplement à s’ouvrir à tous les mouvements de l’espace interne et externe de l’individu. Dans un acte de coordination et de synthèse, le phénomène perceptif élargit ses possibilités matérielles et visuelles à la recherche d’une représentation plus ouverte de l’environnement vécu.
L’aquatinte peut varier en fonction des situations, tant au niveau linguistique que procédural. Pour moi, une orientation technique réussie implique une compréhension de la connaissance matérielle comme quelque chose de changeant, adaptable et flexible. Les étapes procédurales doivent s’ajuster à chaque circonstance et à chaque forme d’expression.
La technique émerge d’un dialogue continu avec la matière. En ce sens, l’expérimentation procédurale est au service de l’imagination, la traduisant en valeurs formelles, symboliques et esthétiques. Ainsi, elle se présente à la fois comme matière en mouvement et manifestation d’une idée.
